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Cie Théatre LèsGensDe
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  • Le Théâtre LèsGensDe s’est donné pour vocation de rendre à l’oralité et au théâtre certains textes poétiques qui ne figurent pas traditionnellement dans le répertoire de l’art dramatique et qui cependant relèvent de l’oralité, et engendrent une expression
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16 octobre 2009

La Confiance du marquis Fabrice

La Confiance du marquis Fabrice

Poème III du chapitre XVIII « L’Italie – Ratbert »

L’action de ce chapitre se situe approximativement vers 1330, période durant laquelle aurait régné sur l’Italie, Ratbert, roi d’Arles et empereur d’un saint empire germanique en butte aux luttes féodales et au régionalisme. Ratbert, personnage créé par Victor Hugo dans la lignée des caractères shakespeariens, concentre en lui tous les vices que de tels seigneurs pouvaient réunir et accomplit tous les méfaits, toutes les cruautés, et toutes les félonies que le statut d’empereur et de roi pouvait permettre. Détenteur du pouvoir, il est suivi et respecté par tout ce que compte le royaume de prélats, de seigneurs vassalisés, de femmes, de barons, de chevaliers s’accordant à voir en lui le représentant de Dieu et l’incarnation de l’ordre et de l’Etat, servant leur caste et opprimant le peuple.

Sur les bords du golfe de Gènes, dans Final, citadelle élevée sur un mont, demeurent le marquis Fabrice et sa petite fille Isora, orpheline ; le vieux guerrier fut naguère rebelle aux puissants et rempart des humbles.

Or le château recèle un trésor considérable, objet de la convoitise de Ratbert, dont le marquis est seul à connaître la cachette. En trompant le marquis Fabrice sur le mobile de sa visite, Ratbert pénètre dans la forteresse ; il y fait massacrer tous ses habitants et tout ce qu’elle comptait de défenseurs. Puis pour obliger Fabrice à lui livrer le trésor, Ratbert fait étrangler Isora et présente son cadavre au vieillard.

La plainte de Fabrice en présence du corps inanimé et mutilé de sa petite fille, l’expression de sa révolte, constitue un monologue de cent vingt et un alexandrins.


Note d’intention pour la mise en scène

 

La plainte, la révolte, le désarroi, la chute libre du marquis Fabrice dans l’insondable douleur, dans l’incommensurable incompréhension crée, comme toute chute, un ‘‘appel d’air’’. Lors d’une représentation cet ‘‘air’’ sera composé des élans, des forces, des mouvements généreux – compassion, pitié, indignation, révolte, colère – émanant de chacun des spectateurs et qui sont autant de signes de sa vitalité et de son humanité éveillées

 L’intention n’est pas de faire pleurer le spectateur sur la mort d’Isora ou sur le sort du marquis mais de laisser envahir l’espace et le temps de la représentation par ce cortège de sentiments et de réflexions ; profonde et réelle participation du public.

Ainsi, Mettre en scène cette « pièce de théâtre », c’est faire reposer toute la responsabilité de la représentation sur l’acteur, faire œuvre de dépouillement, s’écarter de tout modèle ou courant théâtral spectaculaire car cette œuvre forte et apparemment noire semblerait pouvoir s’inscrire dans une esthétique prônant le sombre pour le sombre, cherchant à rendre le spectateur voyeur et complice de la seule performance cruelle

C’est refuser toutes considérations formelles ou stylistiques qui ne naissent pas de la nécessité ; nécessités d’expression et de partage.

C’est dépouillement de tout mot d’ordre esthétique, esprit idéologique moralisateur, de toute volonté de conformité à quelque mode, de l’abscons, de dévalorisation du sens et des sens, de négation de l’esprit, de complaisance du morbide, de provocation volontaire, de tout enfermement dans un discours politique ou calculateur, afin qu’atteignant le présent de la représentation ce dépouillement évincent toutes considérations personnelles égotiques des êtres effectivement présents, acteurs et spectateurs, pour laisser envahir la scène par les forces ineffables convoquées par Fabrice, ces forces d’indignation et de compassion qui sont la manifestation de la profonde obéissance à l’Amour, principe des principes, seule réalité animant tout ce qui vit ; le mal n’étant que de l’ombre, du spectral, de l’irréel, du passager, de l’accidentel, de l’in-consistant, de l’in-constituant destiné à l’oubli comme le nom même de Ratbert oublié par l’Histoire. Le mal, force repliée sur elle-même dont l’œuvre de Hugo se charge d’en dénoncer l’inanité. 

La grande mission du théâtre réside dans l’actualisation de cette réalité suprême, dans sa capacité à ouvrir l’espace temporel de la représentation à la pluralité de sa manifestation.

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